La pénurie de logements au Québec s’est aggravée en un an, alors qu’elle s’est légèrement atténuée en Ontario, selon la plus récente mise à jour de l’étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) portant sur la pénurie de logements au pays.

Depuis l’an dernier, la SCHL fait l’exercice d’estimer le nombre de logements additionnels à construire d’ici 2030 pour rendre à nouveau le logement à un niveau abordable au pays.

Au Québec, l’écart prévu de l’offre de logements s’est accru dans les 12 derniers mois. Lors de l’édition 2022, la SCHL estimait qu’il devait se construire 620 000 logements additionnels pour retrouver le niveau désiré d’abordabilité, c’est-à-dire en plus de ceux déjà anticipés. La cible d’abordabilité correspond à la part du revenu après impôts consacré à l’achat d’un logement moyen qui existait en 2004, avant l’actuelle tendance haussière des prix de l’immobilier.

Cette année, l’écart atteint maintenant 860 000 logements, selon le scénario de base.

Une production de 860 000 logements d’ici 2030 correspond à une livraison additionnelle de 100 000 logements par année.

Pourquoi l’écart s’est-il creusé au Québec ? Pour trois raisons : la croissance du nombre de ménages et la hausse de leur revenu nourrissent la demande, alors que les projections de l’offre de logements ont diminué.

Il faut dire que la construction résidentielle au Québec connaît cette année ses pires résultats en plus de 20 ans, avec un ajout prévu de 35 000 logements.

« Le rythme de construction connaît des difficultés, dit Kevin Hughes, économiste en chef adjoint de la SCHL, dans un entretien. Un, ce sont les coûts de construction. Ensuite, on doit nommer la pénurie de main-d’œuvre et aussi on doit ajouter le financement plus difficile des projets. On en tient compte quand on estime les écarts de l’offre. »

Pour l’ensemble du pays, la SCHL estime que 3,5 millions de logements supplémentaires sont requis pour atteindre la cible d’abordabilité visée.

Si le nombre de 3,5 millions de logements reste identique à celui de l’an dernier, la situation a évolué dans les provinces, comme c’est le cas au Québec et en Ontario.

Or, contrairement à la situation québécoise, l’écart s’est rétréci dans la province voisine. Le nombre de logements additionnels à construire d’ici 2030 a été réduit de 330 000 unités, passant de 1,85 million à 1,48 million. On y prévoit maintenant moins de ménages en 2030 par rapport au nombre estimé l’an dernier et la croissance du revenu des ménages y est également plus faible.

« En révisant nos prévisions économiques, explique M. Hughes, on a donc vu que l’Ontario était probablement plus sensible au mouvement des taux d’intérêt que d’autres provinces et que probablement l’an dernier au Québec, notre prévision était moins forte que ça aurait dû être. »

Par ailleurs, l’Ontario a adopté l’an dernier la loi 23 visant à accélérer la construction de plus de logements. « Nous reconnaissons que les politiques relatives à l’offre de logements ont commencé à changer dans certaines provinces, en particulier en Ontario, lit-on dans la mise à jour. Nous ne savons pas encore quelles incidences elles auront sur l’offre de logements. »

Québec n’a pas encore bougé à ce chapitre.

Les villes aussi doivent pousser à la roue

« Il faudrait demander aux différents maires pourquoi ça a pris autant de temps. » Le premier ministre canadien a lancé la balle dans la cour des villes, mercredi, quand il a été invité à justifier la lenteur du déploiement d’un fonds fédéral voué à la construction rapide de logements.

La pression est forte sur le gouvernement Trudeau pour qu’il en fasse davantage afin de faciliter l’accès au logement. Il y a un mois, l’enjeu avait été ciblé comme la priorité de la retraite du Cabinet, mais aucune annonce n’a été faite à l’issue de la rencontre.

Il a voulu donner le coup d’envoi à la rencontre du caucus national libéral avec un projet concret : une entente avec la Ville de London en vue de la création de 2000 logements additionnels au cours des trois prochaines années.

Cet accord est le premier qui est financé par le Fonds pour accélérer la construction de logements, lancé en mars dernier afin de fournir aux administrations locales de l’argent pour accélérer la construction de 100 000 nouveaux logements à l’échelle du Canada.

Pourquoi a-t-il fallu attendre six mois avant qu’une première entente soit paraphée ? « Il faudrait demander aux différents maires pourquoi ça a pris autant de temps », a répondu Justin Trudeau lorsque la question lui a été posée en conférence de presse. « On appelle tous les maires du pays à faire preuve d’ambition », a-t-il poursuivi.

Source: lapresse.ca
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